Où l’on s’inquiète pour les proches de nos héros…
Un vase s’écrasa contre le mur. Les morceaux de céramiques avaient à peine fini de tomber au sol qu’ils furent recouverts par un mélange de tissu, de bois et de paille. Quelques secondes s’écoulèrent avant qu’un nouveau bruit se fasse entendre et que des fleurs recouvrent le total, formant ainsi comme un linceul coloré sur la pile des restes des objets qui avaient déjà rencontré ce mur en pierre.
“Pas celui-là, Mairi.” La phrase, à peine audible, ressemblait plus à un grognement qu’à des paroles humaines.
“Je comprends pas. Tu es déterminée à casser tout ce que tu as sous la main, pourquoi pas cet objet ?
-Tu le sais bien. C’est le sien. Son préféré.
-C’est précisément pour ça que je suis allée te le chercher et que je te le propose. C’est contre lui que tu es énervé, autant en profiter non ?
-Oui, mais pas ses objets !
– C’est pourtant ce qu’il y a de plus tangible à faire, non ? Il n’est pas présent, tu ne peux pas l’écraser physiquement contre un mur. Autant t’attaquer à ce qui est à ta portée, à savoir ses objets préférés, qu’il a osé abandonner ici en plus !”
Un silence se fit entendre dans la pièce, pesant, lourd.
“Si tu refuses, c’est peut-être que ce n’est pas vraiment contre lui, n’est-ce pas ?”
Après un soupir, la première fois reprit la parole :
-“C’est pas contre lui, mais tu le sais déjà. Sinon, tu ne me l’aurais pas proposé.” La voix se fit de plus en plus compréhensible. “Tu sais qu’il ne reviendra peut-être jamais ?
-Il reviendra. Il reviendra parce qu’elles reviendront.”
Un raclement de gorge profond retentit de la silhouette qui venait de se laisser tomber faussement négligemment dans un fauteuil.
-“Je veux qu’ils reviennent pour nous.
-Plutôt pour toi, non ?
-Tu es chiante, Mairi. Vraiment. Je ne pense pas qu’à moi !
-Tu es la meilleure cheffe de tribu que je connaisse. Mais là ce n’est pas à nous que tu penses. C’est à toi que tu penses. Et pas assez à mon avis. Tu devrais t’en inquiéter plus.”
La femme installée grogna :
“Je ne comprends rien à ce que tu racontes…”
Une troisième voix se fit entendre entrant dans la pièce en même temps que sa propriétaire.
“Tu devrais t’en inquiéter plus, parce que Fillan est un héros de légendes. Et tu sais ce qui arrive à la famille des héros des légendes…”
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“Ce n’est pas normal Asha, je t’assure. Cela ne fait que quelques jours que Mia est partie, et mes esprits sous protection s’agitent. J’ai fait le tour trois fois aujourd’hui, et les courants de Gaïa ne résonnent pas de la même manière. Je ne sais pas comment expliquer cela, mais il y a une différence.”
Les cent pas de Delsin retentissaient pendant qu’il évoluait entre la cuisine et le salon.
« Je sais que je ne peux pas vraiment comprendre, car je ne suis ni Garou ni théurge. Mais je suis cependant intelligente, et ce qui me questionne c’est ce qui a changé. Ce n’est pas la première fois que Mia part de Detroit, et les précédentes fois ça n’avait pas eu cet effet… Je me demande…
– Oui ? ”
Un silence s’installa quelques secondes, le temps que l’interlocutrice de Delsin rassemble ses phrases.
“ Et si ce n’était pas non plus lié à Mia ? Et si c’était lié à Aaron ? Ou plutôt à leur fils ?
Après une brève respiration, elle reprit :
– Tu m’avais parlé d’une prophétie non ? Et qui semblait plutôt viser leur descendance, que leurs parents, non ? Et si c’était la matérialisation de cela ? A moins que ça soit l’absence de Luna ? Pourquoi cela doit-il forcément être lié à Mia ?
Après s’être arrêté un instant, Delsin reprit sa marche d’un air tendu.
– J’y ai pensé, bien sûr. Ça a même été une de mes premières pensées, et je me suis rassuré ainsi. Mais ils ont tous prononcé la même phrase, la deuxième fois où je suis passé. Comme s’ils l’avaient enregistrée, retenue par cœur, et qu’ils devaient me la dire. Ce qui n’aurait aucun sens, puisqu’aucun des sceaux que j’ai apposé moi-même n’a été brisé, modifié, voire altéré. J’ai vérifié, morceau par morceau. Tu sais ce qu’ils m’ont dit ?”.
Asha, figée, observait les yeux de son mari, captivée par l’émotion visible qui s’y reflétait, et par la couleur qu’elle leur transmettait.
“ En dehors des insultes de faiblesse et de lâcheté, là aussi communes, ils m’ont tous dit que la Main arrivait pour me prendre ma famille, Asha. Tous. Au mot près…”
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Oromo était penché sur l’appareil technologique depuis maintenant cinq heures, et il devait se l’avouer, il n’avait avancé que de quelques centimètres. En soit, c’était une victoire vu la taille de l’objet concerné. Avancer de quelques centimètres, c’était déjà quasiment faire un dixième de la longueur de l’objet, une fois retirés les fanfreluches et éléments de décorations.
“ Allez viens là-toi ! ”
Le bruit léger d’une pince métallique à pointe très fine se fit entendre quand il la reposa, accompagnée d’une petite vis à peine visible à l’œil nu. Il se félicita de ses binoculaires de précision et reprit un tournevis pour enlever la couche suivante, impatient de découvrir les couches de circuits imprimés, nécessaires pour faire tourner le jouet et générer le bruit comme la publicité reçue dans le colis l’annonçait.
“ Mais qu’est ce que c’est que ça ? Le ton surpris résonna dans l’appartement.“Il n’y a qu’une boule de métal. Et je ne vois aucune soudure !”
Le téléphone portable posé à côté de lui se mit à sonner. Par réflexe, il décrocha. Une voix robotique se fit entendre :
“ Belle curiosité, Oromo. Vos théurges n’avaient pourtant rien identifié. Nous étions confiants sur la faible probabilité que quiconque ne cherche à comprendre l’aspect technique, même pas vous, conforté que vous auriez dû être par le jugement de vos théurges. Toute chose égale par ailleurs, cet objet doit être remis à votre petite fille. Il en va de sa vie. Un jour, il lui sera utile pour absorber une énergie électrique puissante qui pourrait la tuer. Je pense que nous sommes d’accord sur le fait que ça ne doit pas arriver, non ? Merci d’avance à vous. Et n’oubliez pas : nous ne sommes en aucun cas les ennemis de votre famille. Eux, veulent la détruire, membre par membre…”
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Elle rêvait, elle en était certaine. Rien n’aurait pu expliquer autrement cette sensation si intense de voler à des centaines de kilomètres au-dessus d’une surface qui ressemblait à s’y méprendre à la Terre, mais débarrassée de toute trace de civilisation. Elle se pencha rapidement, et sursauta sur sa monture, sans que celui-ci ne semble broncher.
“ Je suis sur un pégase géant !
– Bien vu, Natasha. La voix avait retenti directement dans l’esprit de la cavalière qui manqua de tomber de sa monture, sous le choc.
– Êtes-vous qui… je pense ?
– Oui et non. Tu es dans un rêve, donc je ne suis pas vraiment moi, mais je n’en suis pas si éloigné. Tu n’auras qu’à demander à Kayla de t’expliquer… Elle a un talent pour raconter des histoires, elle saura mieux l’expliquer que je ne pourrais le faire. Regarde à gauche !
Instinctivement, Natasha tourna le regard et observa, subjuguée une nuée de chouettes apparaître et voler à ses côtés, avant de piquer vers le sol, agissant comme si elles n’étaient qu’une.
– Mais… pourquoi moi ? Je ne suis pas une Garou ! Ni même une parente…
– Cela fait des millénaires que j’encourage les femmes à se libérer, à réclamer ce pouvoir qu’elles méritent de droit, et je devrais me limiter à ça ? Toutes les femmes méritent mon attention. Les Garous ont plus de possibilités d’actions de par leur nature, mais celles qui se basent uniquement sur cette caractéristique risquent fort de manquer les éléments les plus moteurs de nos communautés. En l’espèce, Kayla, Angie, Hannah ne pourraient pas rester unies sans que tu participes pleinement à entretenir ce lien. Et je vais avoir besoin de toi pour ça. Il va falloir les unir, très prochainement, sous peine que quelque chose de grave arrive à ta famille. De leur union à cet instant précis, pourrait se jouer ton destin, mais surtout celui de ta famille. Guette ma plume Natasha et lorsqu’elle apparaîtra, rappelle-toi que tu es le lien de ta famille, et agis comme tel… ”
Le chaudron créatif 